domingo, 7 de novembro de 2010

siddhartha

"Pendant sa marche lente Siddhartha réfléchissait.

Il constata qu'il n'était plus un jeune homme, mais qu'il était devenu un homme. Il constata encore qu'une chose s'était détachée de lui, comme la peau se détache du serpent, qu'une chose n'existait plus en lui, qui l'avait accompagné, durant sa jeunesse, qui lui avait appartenu: c'était le désir d'avoir des maîtres et d'écouter leurs préceptes. Le dernier maître qui apparût sur sa route, le plus grand et le plus sage des maîtres, le plus saint, Bouddha, il avait dû le quitter, se séparer de lui; il n'avait pu accepter sa doctrine.

(...)

Govinda s'était fait moine et avait pour frères des milliers d'autres moines qui portaient le même habit, avaient les mêmes croyances, parlaient la même langue. Mais lui, Siddhartha, à qui, à quoi appartenait-il? De quoi partagerait-il l'existence? De qui parlerait-il la langue?"


Hermann Hesse