sábado, 30 de abril de 2016


"Me voici face au monde et face à moi-même pour une longue course à travers le temps, l'espace et les hommes. Dans mon univers, la vie est action et j'engage tout mon être dans le tourbillon de la grande spirale du monde.

Si la route a donné un sensa ma vie, je vais une nouvelle fois m'enfoncer à pleins poumons dans l'existence; avancer pour le simple plaisir d'avancer et d'être en phase avec l'univers qui m'habite et celui qui m'entoure. Des crises d'apnée me guettent plus loin.

Je suis en route vers un monde d'idées et de vérités qui seront probablement différentes des miennes. Pour assurer ma survie au cours des nombreuses rencontres qui se dresseront sur mon chemin, il va me falloir adapter ma perception de la vie, affronter des vérités différentes des miennes afin d'étendre mon champ de connaissances sur l'homme, dans son contexte historique et culturel.

(…)

J'ai étudié plusieurs religions et sectes dans l'espoir d'en trouver une qui puisse survivre à une analyse critique, mais je n'ai rien trouvé. À cette époque, j'aurais volontiers accueilli la paix et le contentement de croire en quelque chose. J'ai continué à lire sur l'expérience mystique de l'illumination, de “naître de nouveau”, de la “communauté avec Dieu” et de la “vie sur le plan spirituel”; je suis devenu frustré que cela ne m'arrive pas à moi.

J'ai essayé de la provoquer artificiellement avec des drogues pour être comme ceux qui “en” avaient vécu l'expérience. Il m'a fallu du temps pour accepter que cela n'allait pas m'arriver et que je devais plutôt me concentrer sur ma vie matérielle mortelle et essayer d'en tirer le meilleur parti. La “communion avec Dieu” n'existait tout simplement pas dans l'univers auquel j'avais accès dans l'environnement carcéral des villes.

En revanche, j'ai découvert très tôt que tout ce que nous savons ne concerne que le modèle d'univers que nous avons tous construit dans notre tête, et que de tels modèles peuvent être bien différents de la réalité qui se trouverait quelque part à l'extérieur de nous. Par conséquent, ce qui existe dans un univers connu peut être absent d'un autre... Ce qui semble vrai dans mon monde pourrait être faux dans celui de quelqu'un d'autre.
Je trouve ce concept très satisfaisant car il me permet de penser que je suis au centre de l'univers que je connais, et que tous les autres sont au centre du leur. Cela élimine le problème de déterminer qui a la perception correcte de l'univers.

Maintenant je peux échanger des visions de l'univers avec n'importe qui et ne jamais me sentir menacé par des perceptions contraires au miennes. C'est devenu un passe-temps pour moi de discuter de ma perception personnelle avec ceux qui reconnaissent q ue leurs vues sont également subjectives. J'ai appris à simplement écouter ceux qui croient détenir “l'unique et absolue vérité” sans me préoccuper de donner ma propre vision des choses, qui pourrait être perçue comme une menace à “leur vérité”, car je ne suis pas enclin à jouer le jeu de savoir qui a raison et qui à tort.

Je n'ai donc plus besoin d'avoir raison par ce que personne ne peut “avoir raison” de façon absolue. Ce qui importe vraiment pour moi maintenant, c'est de reconnaître ceux avec qui j'ai assez en commun pour pouvoir en arriver à un consensus opérationnel sur lequel on peut construire quelque chose ensemble. L'échange de points de vue avec des esprits ouverts qui n'ont pas de prétention sur la vérité absolue a probablement été la principale motivation de mes voyages au cours de la dernière décennie.

J'ai pris du plaisir à découvrir plusieurs univers à travers les yeux des autres. Certains m'ont semblé raisonnablement probables parce qu'ils étaient semblables au mien. D'autres m'ont paru intéressants, mais improbables, car je n'ai pu leur trouver aucune évidence dans l'univers que je connais. J'en suis venu à penser en termes de de probabilité au lieu de vrai ou faux., un peu comme les météorologues parlent maintenant de soixante-dix pour cent de probabilité de pluie plutôt que d'annoncer la pluie pour demain, comme ils le faisaient il y a trente ans.

Cette manière de penser me permet de donner une valeur à tous les concepts que je rencontre et que je peux comprendre. Je considère certains concepts comme étant extrêmements probables, tels que ma mort éventuelle, et d'autres comme étant très improbables, par exemple la vie éternelle de mon âme. Tous les concepts que j'examine peuvent être échangés contre des versions alternatives plus satisfaisantes car je ne connais pas de vérités absolues. Je pense que ce que j'appelle mon univers n'est que l'une des nombreuses approximations tout aussi imparfaites de la réalité. aussi je ne le prends pas trop au sérieux.

Courir le monde comme je le fais depuis fort longtemps, c'est aller au devant d'autres univers; démontrer qu'il est possible de s'intégrer dans tous les pays et toutes les sociétés; qu'un monde fraternel et respectueux d'autrui est envisageable."